Sauvaginiers des Marais du Cotentin et du Bessin

La Migration


Les phénomènes migratoires

Définition de la migration :
Le mot migration vient du latin "migrare" qui signifie se déplacer. La migration peut se définir comme un déplacement cyclique d'un endroit à un autre.
La migration saisonnière est donc un déplacement, effectué dans les deux sens entre l'aire de reproduction et celle d'hivernage, et couvrant généralement un cycle annuel. Cette migration a pour but de rechercher un milieu favorable aux exigences écologiques, afin de pouvoir se nourrir et vivre sous un climat adapté ainsi que dans un endroit propice à la reproduction, donc sans risque de dérangement.

Les phases du cycle annuel des canards:
Les mouvements migratoires entre l'aire d'hivernage et l'aire de reproduction s'effectuent dans les deux sens :
La migration prénuptiale (également appelée de printemps ou sexuelle) caractérisée par un déplacement rapide vers les sites de reproduction. Dans le domaine cynégétique, on l'appelle "la remontée".
La migration postnuptiale (dite d'automne ou trophique) caractérisée par un déplacement (plus long que la migration de printemps) vers les sites d'hivernage. Dans le domaine cynégétique, on l'appelle "la descente".



Déterminisme de la migration des canards :
Il apparaît de plus en plus probable que l'ensemble du cycle annuel des canards est régi par le système endogène (appelé aussi "horloge interne") de l'animal. Ce système inscrirait toutes les dates clefs dès la naissance. Les facteurs externes (photopériode, réserves adipeuses, quantité de nourriture, conditions météorologiques) ne joueraient qu'un rôle de déclencheur de la migration.
L'ensemble des facteurs externes agit sur le canard qui est au seuil minimal migratoire. Ces facteurs ont deux actions différentes sur la migration, à savoir :
Une action excitante, soit en boutant les oiseaux de l'aire de départ (froid, diminution de la nourriture), soit en attirant les oiseaux sur les aires d'arrivée (connaissance génétique de l'état des aires d'arrivée).
Une action inhibante, soit en freinant la migration (vent violent debout et mauvaises conditions météorologiques), soit en fixant les oiseaux sur l'aire de départ (climat favorable, abondance de nourriture).

L'orientation des canards pendant leur migration :
Les canards se servent d'une multitude de facteurs pour se diriger : soleil, étoiles, repères terrestres (rivages, cours d'eau, montagnes, phares, villes éclairées…), géomagnétisme, mémoire des routes parcourues les années précédentes, bruits terrestres, etc..

Les grandes voies migratoires :
En Europe : Deux grands axes se différencient :
Un axe occidental : les populations longeant la côte est du Groenland puis passant sur l'Islande, et les populations passant par la côte ouest de la Norvège, par les rives de la Baltique et par les côtes de la mer du Nord, convergent vers la Manche puis longent le littoral de l'Atlantique pour terminer au sud de l'Espagne. Après avoir traversé le détroit de Gibraltar, toutes ces populations gagnent l'Afrique de l'ouest et l'Afrique équatoriale.
Un axe oriental qui intéresse plus particulièrement les populations de l'Europe centrale. Cet axe débouche sur le détroit du Bosphore puis sur l'Afrique orientale.



Les axes migratoires à travers la France
On estime de 450 000 à 750 000 canards transitant par la France lors de leurs déplacements entre leurs zones de reproduction et leurs quartiers d'hivernage. En fait, le flux migratoire est très difficile à quantifier car au même moment peuvent cohabiter des individus sédentaires, des migrateurs et des hivernants. De même, lors de la migration prénuptiale, les migrateurs peuvent stationner avec des futurs nicheurs locaux et des hivernants tardifs.
Hormis l'Eider à duvet et la Macreuse noire qui appartiennent à la seule population nordique, les canards migrant par la France sont de deux origines différentes :
-    Une origine nordique : Islande, îles Britanniques, nord-ouest de l'ex U.R.S.S., Scandinavie et abords de la mer Baltique, Danemark et Bénélux.
-    Une origine orientale : centre-nord de l'Europe (Allemagne) et plus à l'est jusqu'en Sibérie centrale.

Selon l'origine des espèces, les axes migratoires d'automne seront différents. Deux grands axes peuvent être observés :
-         Un axe atlantique emprunté par les populations nordiques qui longent le littoral de la mer du Nord aux côtes espagnoles. Certains oiseaux sont exclusivement côtiers (Macreuses brunes et noires) et contournent la péninsule bretonne mais cela concerne un nombre restreint d'oiseaux. De très nombreux oiseaux coupent au-dessus des terres selon deux voies principales.
-          Un axe continental emprunté par une petite partie d'oiseaux nordiques (région comprise entre les côtes baltes et le Bénélux) qui obliquent vers le sud-ouest avant d'aborder le nord de la France et pénètrent dans notre pays entre les Ardennes et le Rhin. Ils se mêlent plus ou moins à la population orientale qui pénètre en France depuis les Ardennes jusqu'au lac Léman. Ces deux populations empruntent ensuite la vallée du Rhône pour gagner la Camargue qui est une halte migratoire essentielle pour les canards utilisant cet axe migratoire.



Déroulement des déplacements dans le nycthémère :
 On aboutit alors a deux déplacements par 24 heures :
 L'un, à l'aube, depuis la zone de gagnage vers la zone de remise et caractérisé par une concentration des oiseaux
L'autre, au crépuscule, dans le sens inverse et caractérisé par une dispersion des oiseaux.
Ces déplacements quotidiens, dans le domaine cynégétique, sont appelés "les passées" ou "les volées" qui peuvent être spectaculaires.




Extraits de la thèse de Doctorat de Damien POTIEZ Docteur vétérinaire.











19/03/2007
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